jeudi 19 février 2015

En lisant... Mireille Fargier-Caruso

Décharge n° 162 - Mireille Fargier-Caruso, présentée par Brigitte Gyr.
Et d'abord constater avec dépit que je n'ai pas un seul livre de Mireille Fargier-Caruso dans ma bibliothèque, même pas son livre paru au Dé Bleu.

"je ne possède rien si ce n'est la patience
je protège cette trouée vers la mer"
Même la nuit persiennes ouvertes - Dé Bleu, 1998

"Assise sur le pas de la porte
Tu te retrouves chez toi dans l'odeur du figuier
L'enfance avec ses grillons
Le temps sa démesure"
(Inédit)
 
Sut la nature :
" Les arbres donnent une réponse au temps, ils nous réconfortent par leur entêtement à recommencer saison après saison" et je pense à chaque fin d'hiver à l'intense besoin d'arbre qui me traverse et l'immense reconnaissance que j'ai pour le mimosa et ses cascades de jaune dans les rues de la ville. Lorsque j'allais travailler à pied, je me souviens de son odeur dans les rues de la banlieue endormie. Les arbres, contre lesquels adosser notre besoin de renouveau,  se déplier et laisser surgir... réaffirmer notre lien fondamental avec le monde profond.
Détour par Guillevic :
"La poésie est une réponse qui interroge."
"Ecrire c'est creuser dans du noir"
Et je pense bien sûr au noir qui deborde et au besoin pressent d'écrire et de lire pour ne pas s'y noyer.
Sur l'écriture :
"Écrire, c'est à la fois s'accompagner et sortir de soi."
"Oui, la poésie est bien une réponse qui interroge et ce travaille sur la langue, cette acuité du regard sur soi, sur le monde, crée un espace intime qui - lorsqu'il est juste bien sûr - parle aux autres, espace libre qui devient commun et sans limite où parle le désir."
Et maintenant seulement, en lisant ce ver "Manque de toute sa chair un monde qui serait le nôtre", je comprends que Mireille Fargier-Caruso ne m'est pas inconnue, qu'elle m'a accompagnée chaque jour pendant des années sans que je connaisse ni l'oeuvre, ni le poète. Quotidiennement, j'ai posé les yeux sur le poème dont est extrait ce ver, carte postale des éditions Paupières de terre accrochée sur le mur au buro. Combien de fois, découragée par le manque de souplesse de l'administration et l'univers rétréci du buro, ai-je murmuré mentalement ce dernier ver ? Il était comme une voix dans ma solitude qui me répétait : Vois tu n'est pas seule puisque quelqu'un a pu écrire cela... 
Où est donc cette carte, maintenant que j'ai quitté ce buro-là ?

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